Les Ecologistes combattent la mégalomanie atomique !

Editorial

Par Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Ecologiste

Face au Parlement se dresse un Gouvernement défait, affaibli, qui refuse le dialogue, brutalise les Français·es et les institutions, un Gouvernement qui s’obstine dans une pratique verticale et solitaire du pouvoir. Toute la France a pu le constater sur les retraites, mais ce n’est pas un acte isolé. La manière dont le gouvernement souhaite démanteler l’IRSN en est un autre exemple.

Le 8 février dernier, le ministère de la Transition a annoncé par voie de presse le démantèlement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Une décision prise de manière totalement arbitraire, sans analyse scientifique rigoureuse, sans discussion avec les syndicats, sans échange avec les salariés, sans étude d’impact et contre l’avis de la Cour des Comptes. Démanteler l’IRSN est un acte inconscient et dangereux. L’Assemblée nationale a rejeté cette proposition, mais le gouvernement cherche de nouveaux moyens pour contourner cette décision. Nous resterons extrêmement vigilants pour que ce vote soit respecté.

Malgré cette victoire, nous n’avons pas pu empêcher le vote de la loi et donc du projet d’accélération du développement du nucléaire en France. Lors des séances dans l’hémicycle, nous n’avons eu de cesse de dénoncer les nombreux problèmes et enjeux auxquels nous allons devoir faire face, mais qui restent toujours sans réponse : les enjeux d’approvisionnement et donc nos dépendances aux gouvernements autoritaires, le manque d’eau pour une énergie aquavore, à l’heure des sécheresses à répétition, est-ce vraiment la meilleure solution ? …

Cette semaine, le Giec a publié un nouveau rapport. Pour rester sous les 2 °C, il nous faut un véritable sursaut. À tou·tes celles et ceux qui pensent que le nucléaire est la solution, rappelons-leur sans cesse que nous devons diminuer nos émissions de 48 % d’ici 20 30 et qu’à cette date les premières centrales seront au mieux en travaux. L’unique solution est la planification de la sobriété et le développement massif des Énergies renouvelables. Le climat ne peut plus attendre. Le groupe écologiste à l’Assemblée nationale continuera, inlassablement, à mettre toutes ses forces dans la bataille pour qu’enfin, collectivement, nous soyons à la hauteur des enjeux.

“Ces décisions sur l’avenir du nucléaire sont lourdes de conséquences.
Elles doivent être prises de manière démocratique, et non seulement par quelques-uns.”

Julie Laernoes

Dans le pays le plus nucléarisé du monde, nous sommes en droit de nous interroger sur le besoin pour la France de renforcer sa dépendance au nucléaire.

Souveraineté énergétique de la France , impact du dérèglement climatique sur les centrales et leur capacité à fonctionner, dépendance à une énergie instable, gestion des déchets nucléaires … Alors que le Gouvernement s’enferre dans sa fuite en avant nucléaire, les député·es écologistes ont porté haut le combat, pour débusquer les lièvres, les erreurs et les mensonges du Gouvernement.

Comme le déclare Julie Laernoes dans son discours d’introduction aux débats sur le projet de loi d’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires : “En 50 ans, le nucléaire n’a résolu aucun des soucis qu’il était résoudre. Dès lors, est-ce vraiment responsable de ne pas étudier le contexte dans lequel les autres devront évoluer ?”

Fusion ASN/IRSN : Les écologistes mettent en échec le Gouvernement !

Non content de relancer une énergie incertaine et qui nous rend dépendant·es de puissances étrangères, notamment la Russie, le Gouvernement a ajouté au projet de loi, après le passage au Sénat du texte, plusieurs articles pour faire fusionner l’Agence de Sûreté Nucléaire (ASN), responsable du contrôle et des décisions, et l’'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), chargé de l’expertise et de la recherche.

Ce système dual de gouvernance, qui a fait ses preuves en matière d’exigences de sûreté, est aujourd’hui reconnu et salué par l’ensemble des parties prenantes, scientifiques, politiques et citoyennes. 

Aucun argument ne justifie aujourd’hui de renverser ce système exemplaire et transparent, en fusionnant l’expertise de la décision. Face au vieillissement des centrales actuelles et la pression mise par le Président pour le lancement d’un nouveau programme nucléaire, la filière, déjà en grande difficulté, fait face à d’immenses défis en matière de sûreté et de sécurité. Dans ce contexte, il est indispensable de préserver et renforcer la robustesse, l’indépendance et la transparence de l’expertise de sûreté, afin que les décisions puissent être prises sur des bases solides.

C’est pourquoi les Ecologistes ont été fers de lance pour mettre en échec le Gouvernement, obtenir le rejet de la fusion de l’ASN et de l’IRSN. C’est une immense victoire pour la sûreté de nos centrales nucléaires. Et donc pour la sûreté de tous et toutes.

Débunkage atomique

Le débat sur les questions nucléaires est pollué depuis de nombreuses années par de nombreuses fake news. Le nucléaire serait la seule alternative au charbon. Vraiment ? Le nucléaire serait une condition indispensable de la souveraineté énergétique de la France. Vraiment ? Le nucléaire serait une énergie adaptée au dérèglement climatique. Vraiment ?

Pendant l’examen de ce projet de loi, les député·es écologistes n’ont eu de cesse de débunker les mensonges qui empoisonnent tout débat. C’est l’objectif de notre série Débunkage atomique, à retrouver ci-dessous.

“Pour éviter une planète invivable, une seule solution : la planification de la sobriété et le développement massif des Énergies renouvelables.”

Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Ecologiste à l’Assemblée nationale

Derrière le nucléaire se cache une énergie instable, qui ne renforce en aucun cas la souveraineté énergétique de la France, et qui ne répond à aucun des impératifs pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique. Comme l’affirme Cyrielle Chatelain lors de son explication de vote contre le projet de loi d’accélération du nucléaire : “Quoi que nous fassions, les + 1,5°C seront atteints dès le début des années 2030. Un sursaut nous permettrait de le limiter le réchauffement sous les 2°C. Mais si nous continuons ainsi à nous accrocher au mythe de la technologie miracle, quand ma fille aura 70 ans il fera +4,4°C. La planète invivable. Le calcul est simple : le GIEC rappelle que pour limiter le réchauffement au plus près des +1,5°C, il faut réduire nos émissions de CO2 de 48% d’ici à 2030 par rapport à 2019. 2030 c’est demain. Le calendrier de l’accélération du nucléaire nous est donné par RTE. Le voici dans sa version optimiste : 2 premiers réacteurs en 2035, 2 réacteurs en 2040, 2 réacteurs en 2045. Soit 5, 10 et 15 ans trop tard !